#13 – Female Gaze

Cet article est une audio description de l’émission de podcast Balance ton mot.

Ecoutes l’épisode ici : Spotify – ApplePodcast – Deezer

Depuis que j’ai découvert le Female Gaze, ma façon de consommer du cinéma a complètement changé. Je me pose beaucoup de questions sur comment la femme est représentée et pourquoi. Ça m’a ouvert à de nouvelles fictions et interrogés sur d’autre ! Cette théorie est assez passionnante, je vous explique !

@chanelmentie ♬ Blade Runner 2049 – Synthwave Goose

Le Female Gaze, ça a été théorisé par la journaliste Iris Brey en 2021 dans son essai « le regard féminin à l’écran ». Elle y explique que c’est une façon de raconter une histoire qui met en avant l’expérience vécue par les corps. C’est être avec l’acteur-ice.Les personnages ne sontni objectifiés, ni sexualisés. Alors, sans surprises, le Female Gaze n’est absolument pas la façon de filmer la plus courante. C’est bien le Male Gaze qu’on retrouve le plus souvent. Ce dernier a été théorisé par la britannique Laura Mulvey en 1975. Elle explique que le Male Gaze est un procédé qui use des codes de la *scopophilie (c’est le fait de prendre du plaisir en tant que voyeur – regarder sans être vue) et qui objectifie les corps (celui des femmes particulièrement).

Pour savoir si un film est Female Gaze, il y a quelques indices… Par exemple, la présence d’une voix-off, d’une caméra à l’épaule qui suit les comédiens ou encore un montage qui n’est pas forcément hyper dynamique mais qui se focalise sur les émotions des personnages. Alors ça, c’est des questions un peu techniques qu’on a pas forcément envie de se poser pendant qu’on regarder un film. Mais, si ça vous intéresse, Iris Brey a conçu un test qui permet d’acter si oui ou non un film est Female Gaze.

1 – le personnage principal doit s’identifier en tant que femme

2 – l’histoire doit être racontée de son point de vue

3 – son histoire remet en question l’ordre patriarcal (par exemple le personnage ne se marie pas, n’a pas d’enfants, ne se met pas en couple…)

4 – grâce à la mise en scène le spectateur ou la spectatrice ressent l’expérience féminine

5 – si les corps sont érotisés, le geste doit être conscientisé (les scènes de sexes ne doivent pas être gratuites mais servir l’histoire)

6 – le plaisir des spectateurs ou spectatrices ne découle pas d’une pulsion *scopique 

La série pour explorer le Female Gaze

Et il y a une série qui coche toutes ces cases, optionnellement c’est même l’une de mes séries préférées, c’est « Crazy Ex-Girlfriend » ! Créée, showrunnée, écrite, réalisée et jouée par Rachel Bloom. C’est l’histoire d’une avocate New-Yorkaise promise à un avenir glorieux qui, par pure hasard et en pleine crise d’angoisse, tombe sur son petit ami de colonie de vacances. Après un échange très bref, elle décide de tout plaquer et de déménager de l’autre côté des USA. Même si les aventures de Rebecca tournent principalement autour de ce Josh, ça n’est qu’un prétexte pour parler de dépression, de quête de bonheur, de liberté… Rachel Bloom dévoile un personnage profond, sexuellement libre, qui ne répond pas aux normes physiques et qui compose avec sa dépression. Cette série est complètement décalée, hyper drôle et immensément touchante (en toute objectivité). Les 4 saisons de Crazy ex-girlfriend sont dispo sur Netflix !